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lundi 1 août 2011

Les plantes envahissantes, un ennemi coriace

La renouée japonaise, l'une des pires plantes envahissantes
Sans aucun doute présentes dans votre cour, les plantes exotiques envahissantes font maintenant partie du décor au Grand lac Saint-François. L’introduction d’espèces végétales exotiques envahissantes n’est d’ailleurs régie par aucune législation spécifique au Québec. Plusieurs les ont plantés sans se douter du danger d’envahissement qu’elles pouvaient représenter.

Trois espèces floristiques envahissantes sont actuellement recensées en bordure du Grand lac Saint-François, soit le roseau commun, la salicaire pourpre et la renouée Japonaise.

Deux des trois principales espèces envahissantes sont particulièrement problématiques sur le territoire. Le roseau commun (phragmites australis) qui a considérablement envahi les berges du Grand lac Saint-François (GLSF) et menace d’envahir des secteurs à haute valeur écologique, et la renouée Japonaise (polygonum japonicum) qui est présente à quelques endroits, mais qui menace d’envahir le territoire. Depuis 2002, un programme de suivi de l’envahissement du GLSF par le roseau a été mis en place.
La renouée japonaise, lors de sa période de floraison à la fin de l'été
En 2007, le parc Frontenac a mis en place un programme de suivi et de contrôle des populations de roseaux à l’intérieur du secteur sud afin de limiter sa présence. Certaines interventions montrent des signes très encourageants. En ce qui concerne la renouée, sa présence au parc a été confirmée pour la première fois en 2008. Depuis, le parc Frontenac a réalisé des actions afin de la contrôler et, avec l’objectif, de l’éradiquer du parc. Cette espèce représente une menace importance au maintien de l’intégrité écologique de plusieurs secteurs du parc.

La renouée Japonaise
Gare à ceux qui osent la planter! Avec ses petites fleurs blanches et ses grandes feuilles vertes, la renouée semble inoffensive. Pourtant, malgré cette apparence se cache une redoutable prédatrice, ne laissant aucune chance aux plantes adverses souhaitant barrer son chemin. De prime abord, ces caractéristiques peuvent séduire le jardinier, mais il ne faut pas se laisser tromper ! Cette belle plante figure au palmarès des 100 pires espèces envahissantes de la planète selon l'Union mondiale pour la nature (UICN). Introduite dans les jardins au 19e siècle, elle s’est rapidement approprié le territoire et a depuis quitté les carrés verts engazonnés pour se faire la malle en pleine nature et conquérir le monde. La renouée aime les sols ensoleillés et humides propices à son épanouissement.

La renouée japonaise est une plante très coriace qui peut pousser jusqu’à cinq centimètres par jour et ses racines peuvent même descendre jusqu’à deux mètres sous terre. Ces tiges souterraines libèrent des toxines qui empêchent l'établissement d'autres végétaux alentour. En Amérique du Nord, la plante se reproduit essentiellement de façon végétative, mais ce mode de reproduction est fort efficace : un minuscule fragment de tige ou de rhizome peut donner naissance à un nouveau plant. En outre, les fragments de rhizome peuvent demeurer en dormance dans le sol pendant 10 ans. Enfin, l'absence d'ennemi naturel facilite également l'établissement de cette véritable peste.

Comment la reconnaitre?
Plusieurs jardiniers bien intentionnés se laissent duper par cette charmeuse qui se révèle être une envahisseuse féroce! La renouée mesure de 75 à 300 cm, aime les habitats humides et les bordures de plan d’eau. Elle possède des tiges creuses et noueuses semblables à du bambou et ses fleurs en grappes, qui apparaissent à la fin de la saison estivale sont de couleur blanche. Elle ne produit pas de graines.
La renouée japonaise, photo prise chez un riverain du Grand lac Saint-François
Quelles sont les mesures à prendre contre la propagation de cette plante ?
L'éradication de la renouée japonaise est extrêmement difficile, aussi faut-il éviter à tout prix de la cultiver. Si la plante est présente dans votre jardin, coupez ses tiges au ras du sol, et ce, à plusieurs reprises pendant la saison, de façon à épuiser ses réserves. Vous devrez procéder ainsi pendant plusieurs années.

La technique du fauchage et l’arrachage systématique pendant plusieurs mois consécutifs, puis une plantation d’espèces autochtones pour la concurrencer semble être la seule méthode envisageable. On créera alors une biodiversité assez saine pour que la renouée ne puisse plus se développer sur d’autres terrains. Vous pouvez l’arracher, mais n’oubliez pas que ses rhizomes sont très profonds et vous risquez d'oublier des fragments dans le sol. Ne compostez pas les résidus de taille et ne les jetez pas dans la nature.
La renouée japonaise peut atteindre rapidement une taille impressionnante
Tout déchet de renouée japonaise doit être surveillé jusqu’à dessèchement (conteneur spécial ou sac) et non dispersé dans la nature, les fauches ne peuvent être à elles seules une solution, et le curage des berges doit être évité. Tout travaux sur des berges doivent être suivis d’une replantation de végétation locale (par exemple du Sureau du Canada, l’Angélique pourpre ou du Cornouiller stolonifère)  pour éviter les zones d’ensoleillement.

Le Sureau du Canada ou Sureau blanc

Le défi de son élimination est de taille. Plusieurs études sont en cours en Angleterre afin de développer des méthodes de lutte biologique (champignon, insectes).

Le roseau commun
Plusieurs plantes venues d’ailleurs sont présentes au Grand lac Saint-François. Le roseau commun est certainement celui qui cause le plus de problèmes actuellement et pas seulement ici, mais dans toute la province. Bien implantée sur les berges du lac depuis quelques décennies, cette graminée déloge les autres plantes naturelles et fait disparaître des habitats qui étaient propices à la faune. L’arrivée du roseau commun a été favorisée par l’implantation du réseau routier dans la région et par les constructions et aménagement.


Le roseau commun est désormais répandu et bien installé à la grandeur de la province

La présence du roseau commun au Grand lac St-François
Il existe bel et bien un lien entre la proximité des routes et la présence du roseau commun. Ceci expliquerait en partie le phénomène d’envahissement du roseau. Des études ont d'ailleurs démontré que plus l’on se situe près d’une route pavée, près d’une résidence construite après 1990 et près de l’exutoire du lac (barrage Jules-Allard), plus y a de chances de rencontrer du roseau. Ce lien pourrait être attribuable au courant de l’eau qui y transporte naturellement des graines et des fragments de tige.

Le parc national Frontenac observe, depuis plusieurs années, une augmentation des populations de roseau commun sur les berges et à différents endroits dans le Grand lac Saint-François. Un projet de recherche ayant eu lien dans les dernières années a permis d'orientation le personnel de la conservation dans certaines actions pour limiter la progression de cette plante.

Le roseau commun fait désormais partie du paysage du GLSF. Nous devons apprendre à vivre avec cette plante et devons demeurer vigilants afin que d’autres espèces envahissantes ne viennent réduire la biodiversité du parc.

Le roseau commun envahisseur est assurément une plante très compétitive, mais elle n'est pas la seule espèce compétitrice dans les marais. D'autres plantes, particulièrement celles qui font beaucoup d'ombrage, sont probablement tout autant compétitives dans des conditions (niches) optimales à leur établissement et leur croissance. Connaître ces plantes et ces conditions constitue une première étape fondamentale dans le développement de techniques de contrôle du roseau commun faisant appel à des plantes compétitrices.

La salicaire pourpre
Cette plante envahissante a elle aussi fait son apparition au Canada au 19e siècle. Cette plante très prolifique fait compétition aux plantes indigènes et finit par les remplacer. La salicaire a donc tendance à envahir les régions où elle s'installe au détriment des plantes indigènes qui disparaissent.
La salicaire pourpre est une plante que l'on voit très fréquemment sur le bord des routes du Québec

Les racines de la salicaire pourpre s’enfoncent jusqu’à 30 cm ou plus dans le sol. Il est donc difficile d’arracher la plante. Même en la brûlant, ses racines survivent et le plant peut repousser.

La salicaire pourpre est sans aucun doute une espèce envahissante. Par contre, il est beaucoup moins sûr qu’elle soit aussi nuisible qu'on le croyait, du moins au Québec. En effet, certaines études récentes minimisent les conséquences de cette espèce sur la flore des milieux humides et ont montré que :

  • l’invasion de la salicaire pourpre a probablement eu lieu surtout avant 1900. L’expansion se poursuit, mais, depuis 1946, elle se fait à un rythme beaucoup plus lent;
  • l’impact global de la salicaire pourpre sur la biodiversité le long du Saint-Laurent est peu important par rapport à celui d’autres espèces comme l’alpiste roseau et le roseau commun;
  • la salicaire pourpre se définit comme une plante très compétitive qui écarte de son chemin les autres végétaux. Cependant, ce phénomène est rarement observé dans la réalité. Cette espèce prend effectivement de la place, mais n’éradique pas les autres plantes des marais;
  • les jeunes plants seraient plus envahissants que les autres, car avec le temps la plante deviendrait moins vigoureuse et laisserait le champ libre aux autres espèces indigènes. Il s’agit toutefois d’une hypothèse.

Les plantes envahissantes sont un ennemi coriace auquel beaucoup de riverains du Québec doivent faire face. Pour l’instant, il n’existe pas de recette miracle pour éradiquer ces plantes. Peut-être qu’à l’avenir un moyen de lutte biologique sera disponible, mais d’ici là, la seule arme disponible semble être la patience!

État de l'invasion de la renouée Japonaise sur le Chemin du barrage
L'ARC aimerait savoir si vous aussi êtes envahi par la renouée Japonaise! Nous vous invitons à répondre à notre sondage sur les plantes envahissantes! Merci de nous en informer!

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Mélanie Jean
M. Sc. géogr.
Personne-ressource en environnement

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