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lundi 8 août 2011

La prise d’eau de Thetford Mines dans le GLSF : un projet majeur pour assurer l’approvisionnement en eau potable

La prise d'eau dans le GLSF, un projet majeur dans la région
Les riverains du Chemin du Barrage et du Grand lac Saint-François (GLSF) ont dû conjuguer depuis plusieurs mois avec certains inconvénients causés par les travaux de la prise d’eau sur leur territoire et le détournement de la circulation en raison de la fermeture d’une portion importante de la route 112 (lumières de circulation, trafic lourd, bruit, etc.). Les travaux de la prise d’eau, dont le coût total est établi à 70 millions $, sont financés aux trois quarts par les gouvernements fédéral et provincial. L’autre portion est assumée par la Ville de Thetford Mines. Ces travaux, débutés en novembre 2010, s'échelonneront en plusieurs étapes jusqu'en 2013. Pour le blogue de cette semaine, nous avons donc décidé de vous présenter un survol de ce projet majeur, de ses différentes étapes et de ses conséquences sur le GLSF, grâce à la collaboration de Normand Baker qui a suivi de très près ces travaux.

Contexte
Le besoin de puiser l’eau dans le Grand lac Saint-François émerge de plusieurs facteurs, suite aux nouvelles normes sur la qualité de l’eau potable. La Ville de Thetford Mines s’approvisionne en eau potable grâce au lac à la Truite, en plus des eaux de surface et des eaux souterraines. Depuis quelques années, on avait observé quelques problèmes, dont un abaissement important du volume d’eau du lac à la Truite. Selon les réglementations, la quantité d’eau du lac ne suffisait pas, ce qui avait un impact direct sur la santé du lac.

En effet, selon certaines exigences du gouvernement du Québec, il semble que la Ville de Thetford Mines n’était plus en mesure d'offrir, en quantité suffisante, une eau respectant les normes exigées. Puis, en juin 2002, le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs jugea que l’alimentation en eau potable de la Ville de Thetford Mines, à partir du lac à la Truite, ne pouvait perdurer. Le lac à la Truite n’a plus la capacité de soutenir sur le plan écologique les prélèvements d’eau effectués pour les besoins en eau potable de la Ville de Thetford Mines.
Lac à la Truite
Le présent traitement de l’eau brute en provenance du lac à la Truite est non conforme aux exigences réglementaires actuelles. La capacité maximale de pompage autorisée de la source actuelle en provenance du lac à la Truite s’élève de 18 000 m3/jour, alors que l’actuelle demande se chiffre à 12 300 m3/jour. Le prélèvement maximal normalement autorisé se situe à 12 000 m3/jour.

La matière organique présente dans l’eau brute du lac à la Truite réagit avec le chlore intégré formant ainsi des trihalométhanes. Une concentration non conforme aux exigences réglementaires était alors remarquée. Les réservoirs présentement utilisés n’assurent plus la protection adéquate de l’eau. Les usagers de la municipalité d’Adstock, actuellement alimentés par le système de la Ville de Thetford Mines, doivent avoir la possibilité d’être alimentés par la nouvelle source d’alimentation conforme.

Actuellement, quatre systèmes différents d’alimentation en eau potable sont utilisés sur le territoire pour alimenter la ville :
  • Secteur Thetford Mines-Centre (lac à la Truite)
  • Secteur Robertsonville (eau souterraine et eau de surface)
  • Secteur Pontbriand (eau de surface)
  • Secteur Black Lake (deux puits d’alimentation d’eau souterraine)
La barge sur le Grand lac Saint-François, pour installer la prise d'eau
Politique municipale de l'eau (Ville de Thetford Mines)
Fortement inspirée de la Politique nationale de l’eau, la Ville de Thetford Mines s’est dotée, le 26 avril 2005, d’une politique municipale pour une gestion durable de l’eau. Celle-ci constitue un outil concret qui confirme l'engagement de la Ville de Thetford Mines à faire de l’eau, une ressource durable. Elle couvre les quatre axes suivants dont :
  • Gérer la consommation d’eau potable;
  • Poursuivre l’assainissement et améliorer la gestion des eaux usées;
  • Protéger la qualité de l’eau et des écosystèmes aquatiques;
  • Favoriser les activités récréotouristiques relatives à l’eau.
Depuis, tous les efforts de la Ville de Thetford Mines se poursuivent dans l’atteinte d’objectifs visant à consolider sa volonté d’assurer, sur son territoire, une gestion durable et une utilisation de plus en plus soucieuse de l’eau.
La conduite dans le GLSF, dont l'installation s'est terminée en décembre 2010
Le projet de prise d’eau dans le GLSF
Concrètement, le projet consiste à alimenter les citoyens des secteurs de Robertsonville, Pontbriand, Thetford-Sud et Thetford-Centre (soit les citoyens alimentés, avant 2008, par l'eau du lac à la Truite incluant les usagers du lac du Huit) par une même source d’eau brute. Ce projet inclue, notamment, une nouvelle prise d’eau, à partir du Grand lac Saint-François, une usine de traitement, des conduites de distribution de l’eau traitée ainsi que des acquisitions de terrains, des servitudes et autres travaux.

Cet important projet verra le jour selon certaines étapes :
  • Travaux à la prise d’eau au Grand lac Saint-François (prise d’eau, conduites et station de pompage);
  • Construction des conduites d’adduction;
  • Construction de l’usine de production d’eau potable et des conduites d’évacuation et d’amenée;
  • Mise aux normes des réservoirs à l’alimentation du secteur Thetford-Centre;
  • Travaux requis pour la distribution aux secteurs de Robertsonville et Pontbriand (mise aux normes et construction de réservoirs, installation d’une nouvelle conduite d’amenée);
  • Travaux requis pour la distribution au secteur de lac du Huit (construction d’une station de suppression et installation d’une conduite d’amenée);
  • Installation du lac à la Truite (sécurisation des postes);
  • Travaux de mise aux normes des installations du secteur de Black Lake (puits d’alimentation, poste de pompage, réservoirs Laliberté et Christophe-Colomb).

Travaux pour la conduite à l'automne 2010 sur le Chemin du Barrage
Pour la construction du poste de pompage, voici l’échéancier :
Poste de pompage : 30 jours – novembre 2011
Puits de pompage : 87 jours – août 2011
Fondations du bâtiment : 113 jours – novembre 2011
Construction de la bâtisse du poste de pompage : 2012



Beaucoup de travaux seront fait cet automne, en octobre et en novembre :
Travaux de la prise d’eau immergée 90 jours – novembre 2011
Installation des pieux (possibilité de bruit) 48 jours – octobre 2011
Installation de la conduite de la prise d’eau 33 jours octobre 2011
Installation de la crépine 2 jours – novembre 2011

Principales étapes des travaux de la prise d'eau au GLSF,
dont la conduite d'adduction le long du Chemin du barrage


Les travaux pour la conduite d'adduction sur le Chemin du barrage, débutée en novembre 2010 et dont la fin des travaux était prévue pour juillet 2011 s'échelonneront davantage à une date ultérieure qui nous est inconnue pour l'instant.


Étude d'impact sonore relié à l'implantation de la station de pompage
Yockell Associés inc. a été mandaté par la Ville de Thetford-Mines, afin de réaliser une étude de bruit reliée à l’implantation de la station de pompage sur le Chemin du Barrage dans la municipalité de St-Joseph-de-Coleraine. L’étude de bruit comporte deux volets principaux. Le premier volet consiste en une étude de bruit du milieu sonore actuel. Ce volet vise à déterminer les niveaux sonores aux résidences les plus rapprochées des sites d'implantation. Le second volet de l’étude est basé sur des simulations des niveaux sonores qui résulteront des activités rattachées à la construction, à l’exploitation de la station de pompage et d’en déterminer l’impact.

De manière à caractériser les niveaux de bruit ambiant actuels du milieu localisé à proximité du site du projet, un point de mesure a été sélectionné. La localisation de ce point est situé au 642, Chemin du Barrage. Ce relevé a été réalisé entre 10 h le 9 mars et 11 h le 10 mars 2010.

Voici les différentes sources de bruit qui ont été identifiées :
  • Station de pompage
  • Conduite de raccordement à l'usine de traitement
  • Utilisation de la génératrice
  • Exploitation normale de la station de pompage
Par exemple, voici l'impact sonore de l'utilisation de la génératrice. Plus on s'éloigne de la source du bruit (75 dBA), plus celui-ci diminue pour atteindre 40 dBA dans la zone verte.
Isophone du bruit résultant de l'utilisation de la génératrice, étude d'impact sonore Yockell Associés inc.


Conclusions de l'étude
L'exploitation de la station de pompage n'entraînera aucun impact tant de jour que de nuit aux différentes habitations localisées à proximité du site. Au regard de l’ensemble des résultats, il appert que les niveaux sonores résultants des activités reliées à la station de pompage seront inférieurs en tous lieux aux limites sonores fixées par l’approche normative du MDDEP. Toutefois, en cas d'urgence, l'utilisation de la génératrice pourrait dépasser les limites prescrites en période nocturne. Pendant certains travaux de construction, les activités pourraient entraîner des niveaux sonores dépassant les 55 dBA. Ces activités seront principalement l'excavation de la station de pompage et la construction de la conduite de raccordement. Cependant, en raison de la durée de ces événements, les impacts ressentis seront faibles.

Tous les efforts semblent avoir été faits pour réduire le bruit causé principalement par les pompes. Si l'on se fie à cette l'étude, nous ne devrions pas entendre quoi que ce soit, surtout durant la nuit.

La principale source de bruit va provenir de la génératrice installée à la station de pompage, qui fonctionnera en cas de panne. Cette dernière, heureusement, ne sera en opération que pour son entretien préventif et lors des pannes de courant, quand même assez courantes mais de courte durée habituellement.  L'entretien préventif devrait se faire de jour durant la semaine afin d'éviter de faire du bruit inutilement durant les périodes tranquilles de la journée.

Bref, il est certain que le maximum a été fait pour minimiser le bruit, mais une chose est sûre, les riverains du Chemin du Barrage vont perdre la tranquillité sauvage dont ils pouvaient jouir à certaines périodes de la journée. Si la station de pompage devait s'avérer plus bruyante que prévue, les riverains pourrons exiger la construction d'un mur acoustique.

Problèmes de sédiments dans certains fossés
Malgré toutes les précautions qui ont été prises, la construction de la conduite d'eau souterraine a eu entre autres pour conséquence l'accumulation de sédiments à certains endroits.


Voici de quoi peut avoir l'air l'accumulation de boue, comme c'est le cas dans un petit fossé, situé entre le 688 et le 690 Chemin du Barrage et dont l'eau (et les sédiments aussi) termine sa course dans le lac. La municipalité de Saint-Joseph-de-Coleraine en a été mise au courant et elle a ensuite averti la ville de Thetford Mines à ce sujet.

À certains endroits, la boue s'accumulait rapidement
Heureusement, la semaine dernière, le pompage des sédiments dans ce petit fossé a été effectué, ce qui risque de fortement diminuer la pollution qui se faisait dans le lac à cette hauteur.
Pompage des sédiments accumulés par Vital Daigle (en bas à droite), de Sani-Thetford 2000. Aussi présent sur cette photo Stéphane Giguère, riverain du 690 Chemin du Barrage (le fossé passe entre son terrain et celui du 688).

La piste cyclable
La piste cyclable sur le Chemin du Barrage a été grandement affectée et fermée aux usagers à la hauteur des travaux
En ce qui concerne la piste cyclable, elle a été grandement affectée par les travaux, à la hauteur de la future station de pompage, au début du Chemin du barrage et était inutilisable dans cette portion. Il faudra qu'elle soit refaite dans cette portion. L'Association s'adressera à la municipalité et la ville afin qu'on restaure la piste cyclable.

Conclusion
Pour l'instant, les prévisions concernant les coût de ce projet sont positives. En février 2011, le maire de Thetford Mines, Luc Berthold, annonçait une économie de 4 millions de dollars par rapport aux estimations de départ et le 23 juillet dernier, le directeur des travaux publics M. Grondin, avançait dans un article du courrier Frontenac qu'il est même possible que l'on atteigne pas le maximum des dépenses. De plus, la Ville de Thetford s'est engagée à réparer tout ce qui a été endommagé par les travaux et donc repaver la piste cyclable à cette hauteur.

Constatant que la qualité de vie des riverains s'est vue et se voit encore affectée par ces travaux pendant une période de plusieurs mois, l'ARC aurait souhaité une compensation de la part de la Ville de Thetford Mines: une compensation qui aurait pu se traduire par une contribution financière au projet de Centre du terrain communautaire qui vise prioritairement la protection de la qualité de l'eau du Grand lac Saint-François. Lors d'une démarche effectuée par Marcel Gaumond, président de l'ARC et Normand Baker, porteur du dossier "prise d'eau de Thetford dans le GLSF", auprès de Luc Berthold, cette demande de compensation fut présentée. Après avoir précisé qu'une telle compensation n'avait pas été initialement prévue dans le budget des opérations en question, M. Berthold avança toutefois l'idée - par la suite bien accueillie par le conseil de ville de Thetford, d'offrir en soutien du projet de Centre une commandite qui s'étendrait sur une période de 5 ans, à raison de 2 500$/an. Et ce, à condition d'installer sur le terrain communautaire  un panneau présentant l'ensemble des opérations relatives à la prise d'eau dans le GLSF.

Mélanie Jean
M. Sc. géogr.
Personne-ressource en environnement


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