La forêt du Terrain communautaire, tapissée de fougères |
Présentes depuis la préhistoire, les fougères tapissent le sol à l’ombre de la forêt qui se dresse sur le Terrain communautaire et il existe pas moins de cinq espèces distinctes! Pour le blogue de cette semaine, nous vous présentons les différentes espèces de fougères qui se retrouvent sur le Terrain du Centre. Lors de votre visite du Terrain, le 27 août prochain, vous pourrez peut-être tenter de les retrouver en forêt!
Qu'est-ce qu'une fougère ?
On associe souvent les fougères aux sous-bois sombres et humides, mais les trois quarts d'entre elles tolèrent facilement quatre heures de soleil direct par jour. Toutes les feuilles des fougères débutent enroulées comme des ressorts de montre, sous forme d'un bourgeon bien particulier : la crosse. A printemps, elles se déroulent, adoptant des allures et des postures remarquables qui permettent de distinguer les espèces les unes des autres : les crosses d'une Athyrie fougère-femelle prennent l'aspect d'un grand bal de lutins, celles de la fougère-aigle commune ressemblent aux serres d'un rapace. Les feuilles des fougères diffèrent des autres feuilles par cette crosse en spirale, très rare dans le reste du règne végétal, et parce qu'elles produisent des semences, les spores. Les botanistes désignent ces feuilles par le mot fronde. Comme bien des plantes sous nos climats, les fougères se fanent à l'automne, mais certaines espèces persistantes restent vertes même pendant la saison froide.
Nous vous présentons donc les cinq espèces présentes sur le Terrain communautaire soit l'osmonde de clayton, l'athyrie fougère-femelle, la fougère-aigle commune, l'osmonde royale et l'onoclée sensible.
Osmonde de clayton (Osmunda claytoniana)
L’osmonde de clayton vit dans divers milieux forestiers où elle colonise les berges des cours d'eau. Elle affectionne les forêts ouvertes et parfois même les endroits ensoleillés comme les fossés, les champs et les pâturages humides. On la trouve dans l'est de l'Asie et l'est de l'Amérique du Nord, tout comme environ 20% des fougères du nord-est de notre continent.
La fronde de l'osmonde de clayton |
L'osmonde de clayton peut atteindre une bonne taille rapidement |
L'osmonde cannelle ressemble énormément à l'osmonde de clayton |
Athyrie fougère-femelle (Athyrium filix-femina)
De taille moyenne, l’athyrie fougère-femelle forme des couronnes et pousse en colonies clairsemées. Bien que robuste, ses frondes plusieurs fois découpées évoquent une fine dentelle. En forêt, l’athyrie pousse presque partout et très abondamment.
L'athyrie fougère-femelle |
Très détaillée, la fronde semble aussi fine que de la dentelle |
Fougère-aigle commune (Pteridium aquilinum)
Ce type de fougère croît en colonies denses, souvent très étendues. Peut-être la plus connue de nos fougères, car elle se remarque aisément, grâce à sa forte taille et du fait qu’elle croît dans les habitats secs et à découvert, plus fréquentés par les humains que les habitats humides ou densément boisés. Elle est facile à reconnaître : elle a une forme bien étalée à l’horizontal, presque parallèle au sol et évoquant, pour certains, la silhouette d’un grand oiseau en vol. À première vue, elle est ramifié en trois parties principales. Elle fréquente surtout les lieux ensoleillés : champs et pâturages, clairières des bois, abords des routes ou sentiers. Mais elle pousse aussi dans des milieux semi-ombragés.
L’utilisation de la fougère-aigle commune fut, à travers l’histoire, très multiple. Son usage remonte à l’époque romaine, peut-être même avant, atteignit son apogée vers le Moyen-Âge et dura jusqu’à récemment, touchant bien des secteurs d’activités humaines. Jusqu’au 19e siècle, les Européens employaient les frondes de la fougère pour chauffer les fours (à chaux, à briques, à pain) ou les brûlaient dans d’immenses fosses, dont certaines existent encore en Angleterre, pour extraire leurs cendres riches en potasse. Bouillies avec du suif, les cendres devenaient pain de savon. Elles s’utilisaient aussi pour le lavage ou pour fabriquer de la lessive.
Fougère-aigle commune |
Comme on le voit bien sur cette photo, la fougère-aigle commune prend une forme de parasol |
Osmonde royale (Osmunda regalis)
De grande taille, l’osmonde royale forme des couronnes d’une dizaine de feuilles et pousse en colonies généralement petites, mais denses. L’osmonde royale est une fougère qui ne ressemble à aucune autre et est plus facilement reconnaissable que certaines autres espèces. C’est en bordure des lacs, comme ici, ou sur les rives des cours d’eau que s’observent les plus belles colonies.
L'osmonde royale se distingue très facilement des autres types de fougères |
Le nom Osmunda est d’origine inconnue ou, du moins, incertaine. Il apparait pour la première fois dans la littérature botanique en 1500 chez le médecin botaniste de Strasbourg Brunschwygg, sous la forme osmundi et chez De l’Obel (1576) sous la forme osmunda. Il peut venir d’Osmundr, nom saxon de Thor, dieu scandinave, enfant d’Odin et de la Terre; le tonnerre grondant est son char que des boucs tirent à travers la voûte céleste. Guerrier, dieu de la fécondité, régnant sur le tonnerre, les vents, les pluies, il favorise les récoltes. Efficacité et modestie figurent parmi ses autres attributs; aussi svelte que vigoureux, il se nomme «celui à la barbe rouge» et les Vikings se disaient «peuple de Thor». Thor emblème de la force... le lien s’établit facilement entre cette divinité et les propriétés attribuées à cette fougère.
La feuille (ou fronde) de l'osmonde royale |
En absence d’obstacles, les rhizomes de l’osmonde royale, issu d’une spore unique, s’étendent et poussent souvent en une formation plus ou moins circulaire, en sous-bois ou dans les prés. Puisque ce type de croissance permet de calculer aisément la vitesse de propagation du rhizome et que, par ailleurs, les rhizomes poussant dans les milieux pollués montrent une plus grande incidence de mutations que ceux des milieux non pollués, l’osmonde royale possède un certain intérêt comme indicateur biologique de la pollution des cours d’eau. Le taux de progression dans le temps et l’importance de la pollution affectant un site donné, se déterminent par l’évaluation de l’âge et du taux de mutation de différentes sections d’un rhizome.
L’onoclée sensible (Onoclea sensibilis)
Qui n’a jamais souhaité se retrouver, ne serait-ce qu’un instant, au beau milieu d’un groupe de dinosaures vivants? Impossible? Pourtant, les fossés et les sous bois recèlent pourtant une relique tout droit sortie de la flore de l’ère Tertiaire. Inchangée depuis plus de 60 millions d’années, l’onoclée sensible passe pour la plus ancienne fougère existant sur terre.
L'onoclée sensible, la plus ancienne espèce de fougère |
Plantation écosystémique
Comme vous avez pu le constater, ces espèces de fougères vivent le plus souvent en association avec des espèces d'arbres en particulier. Celles-ci sont d'ailleurs souvent les mêmes que celles prévues dans le projet de reboisement du Terrain communautaire. En effet, nous souhaitons un retour des espèces indigènes comme le bouleau jaune, le sapin baumier, l'épinette blanche, l'érable rouge, le thuya occidental, l'orme d'Amérique (comme pour l'Athyrie fougère-femelle), le mélèze larcin et le frêne noir.
Pour la réalisation de ce blogue, je tiens à remercier tout spécialement Donald Carter, qui m'a grandement aidée à repérer les différentes espèces de fougères sur le Terrain communautaire pour que je puisse les photographier. Un merci aussi à Adamo Sénécal, de Fougère boréale, spécialiste des fougères au Québec, qui a pu m'aider à identifier ces différentes espèces, car pour un non-spécialiste, cela peut s'avérer très difficile.
Source : Fougères, prêles et lycopodes, Guide d'identification Fleurbec, 1993.
Mélanie Jean
M. Sc. géogr.
Personne-ressource en environnement
Est ce que les feuilles de fougere peuvent pousser plusieurs fois une meme saison? Merci
RépondreSupprimerEst ce que les feuilles de fougere peuvent pousser plusieurs fois une meme saison? Merci
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